Vendredi 13 janvier 2012 Les Verdeun, les vitrines de l'enfance
Xavier Dorsemaine
L
Bruno et Frédéric Verdeun avec leur père Maurice dans leur magasin de la Galerie Bordelaise. © Photo photo X. D.

es vingt ans de Maurice Verdeun fusèrent comme son sprint couronné de succès au championnat du monde de cyclisme sur piste en 1950 à Liège-Rocourt, Belgique. Avant qu'une angine monocyte ne brise une carrière prometteuse, ce fut la plus éclatante de ses 135 victoires sur 345 courses disputées. Son grand-père Georges avait été coureur de 1880 à 1890 et son père Marcel, champion de Guyenne. Installé au 67 cours Balguerie-Stuttenberg, Marcel était selon l'expression de Maurice « négociant en vélos ». Des bicyclettes fabriquées sur mesure au début des années quarante avant de s'installer, en 1949, à la place d'un dépôt de graines, rue des Piliers de Tutelle. Un sprint décisif pour l'avenir de la maison Verdeun s'engage alors entre Marcel, qui ne jure que par le vélo, et Maurice, qui comprend que dans ces années cinquante avec l'arrivée des cyclomoteurs et l'explosion des naissances, le royaume de la petite reine se rétrécit comme peau de chagrin : « En 1953, explique-t-il, j'ai installé deux rayons dans la boutique.

L'un concernait les accessoires sportifs vestimentaires et un rayon jouets qui a fin par l'emporter sur tout le reste. » Maquettes de voiliers, de bateaux, modèles réduits de voitures, les fameuses Dinky Toys, des dizaines de milliers de références font alors la réputation de Verdeun faisant rêver des générations de gamins et de grands enfants : « Je veillais à ce que tourne constamment dans la vitrine un train électrique, souligne Maurice. Une belle vitrine attractive, c'est la base du succès. » De 1955 à 1965, c'est l'âge d'or du jouet. Germaine, l'épouse de Maurice, dans un des deux magasins de la Galerie Bordelaise acquis par la famille, propose poupées et peluches. Et lorsque vous demandez à Bruno puis Frédéric, les deux fils de Maurice, s'il était naturel, à 20 ans, de vendre du jouet avec leur père, trente ans plus tard, ils vous lancent un regard signifiant que d'autre choix n'existait pas ! Leurs enfants, Justine, Hortense, Maxime, Arsène et Louise passent parfois saluer leurs pères gérants du dernier coffre à jouets de la famille.

Nous dédicaçant la photographie sépia où sur son vélo triomphant, il fixe l'objectif, beau comme un champion du monde, Maurice sait que dans leur dernière ligne droite, les Verdeun approchent du départ.