endredi 7 août 2015. Retour sur les hauteurs du hameau de Citon, en compagnie de trois générations de Gaston : Jeanine (76 ans), Patrick (52 ans) et Ludivine (13 ans). Sur le chemin escarpé qui mène au lieu, interdit d'accès au public, qu'elle n'a plus arpenté depuis cinq ans, Jeanine rassemble ses souvenirs.
Ici un sentier, là un ancien chai, ici encore un endroit à truffes, un pigeonnier, tandis que Patrick s'aventure dans les ronces et que Ludivine, jamais venue, immortalise tout sur son portable.
Aucune rancœur
Il règne ici une ambiance pesante, à l'image de ce panneau situé devant la première demeure : Danger, maison piégée !
Aucune rancœur ni rancune chez les Gaston. Pas même à l'évocation d'une thèse répandue selon laquelle une négligence dans la consolidation des carrières aurait précipité la catastrophe.
« Le plus dur à digérer est de constater l'état déplorable de nos habitations, dont nous sommes toujours propriétaires, qui ont fait l'objet de dégradations volontaires, vol, effraction, spoliation et servies de lieu clandestin d'hébergement. »
Sa demeure d'antan, promise à la ruine, est envahie de végétation, sens dessus dessous. Patrick exhume tout fier un « Sud Ouest » du 9 avril 1965 des décombres : « Mes parents ont fini de payer le crédit de la maison en 1980. Il n'y a jamais eu possibilité de se retourner contre quiconque. Toutefois, après bien des luttes interminables, ils ont obtenu un dédommagement de… 500 francs ! »
Le soleil décline, dardant ses ultimes rayons sur les hauteurs de Citon.
Balayant l'horizon du regard, la mélancolie s'empare de Jeanine : « Il aurait fait si bon vivre ici. » Il est temps alors de rentrer.
Éric Latouche