Vendredi 21 août 2015 Des cicatrices mal refermées
Éric Latouche
Le panneau qui se trouve à l’entrée du hameau. © Photo E. L.
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ercredi 18 février 1970, l'incrédulité règne au hameau de Citon chez la dizaine de propriétaires. On constate les dégâts : glissement de terrain, sol crevassé et maisons lézardées. Au niveau des instances décisionnaires la machine administrative est lancée.

Appuyé par le service des mines et de la protection civile, le préfet émet, en date du 20 février 1970, un arrêté d'évacuation concernant les habitants sinistrés, avec l'obligation, pour la commune, de pourvoir à leur relogement.

Jean-Robert Ducos, maire de l'époque, réquisitionne de facto un lotissement en déshérence : l'Hermitage du Mayne. Soit 11 maisons inachevées en raison de la carence et de la déficience du promoteur.

Un collectif d'expulsés

Un extrait du registre des délibérations du Conseil municipal du 30 avril 1970, réuni en séance extraordinaire, ordonne aux divers entrepreneurs et artisans d'activer le mouvement quant à l'achèvement des travaux.

Le drame suscite l'émoi dans le village, une chaîne de solidarité se forme. Les dons affluent, un certain Vermeul en verse 200 francs.

Dans son édition du vendredi 13 mars 1970, « Sud Ouest » annonce un bal le soir même dont les bénéfices seront intégralement versés aux sinistrés.

Toutefois méfiants, les expulsés se regroupent en un collectif. Les Chiballon Sitja, Duffau, Coulon entendent tout mettre en œuvre pour « étudier les mesures propres à remédier à la grave situation créée par des éboulements souterrains, à rechercher par tous les moyens les solutions efficaces et les possibilités de crédit auprès des services de l'Équipement et des Collectivités locales ». Va s'instaurer alors un lourd climat de défiance. Les déplacés ont tout perdu sauf leur honneur et la hargne d'en découdre afin d'obtenir des dédommagements. Le conflit durera une décennie.

Éric Latouche