eu à peu, au fil du grignotage des carrières, le sous-sol de Citon se mite, s'apparente à du gruyère. Qu'importe, le filon se doit d'être exploité. Des carriers indépendants affluent. « Quelques Espagnols, mais pour l'essentiel des Gavaches, réputés pour leur talent de tailleur, dont le patronyme, souvent, se terminait par eau » indique Jean-Marc Constantin, archiviste de la commune.
Certains s'installent sur place. Ainsi, vers 1850, du côté de Citon, s'établit une communauté forte d'une dizaine d'habitations. Une fois la ressource épuisée, le sous-sol se reconvertit en champignonnière. On fait venir par tombereau du fumier que l'on répand dans les cavités. L'air ambiant est propice à la culture du champignon de Paris mais l'activité, peu rentable à la longue, cesse d'elle-même.
L'architecture du sous-sol répond à des normes très strictes en terme de réglementation sécuritaire. Quantité de piliers, soutiennent, consolident, renforcent les voûtes, parfois sur neuf niveaux afin de résister aux outrages du temps. Une véritable cathédrale souterraine. Un labyrinthe également.
Le XXe, témoin des failles
En 1965, Jeanine et Jean Gaston acquièrent une ancienne maison au hameau de Citon. L'endroit, qui est idéalement situé, offre une vue majestueuse alentour. Il fera bon y vivre, s'aimer, grandir, vieillir, se promet-on, entouré de Didier, Patrick et Véronique, les enfants.
L'hiver 1969 est très pluvieux. La terre se regorge d'eau mais ne peut tout absorber. Le 18 février 1970, plusieurs failles font leur apparition sur le coteau. Ce jour-là, les illusions de certains viennent de se fracasser. Définitivement.
Éric Latouche