le 22 novembre 2017
Par Jean-Philippe Déjean
Biznext Bordeaux 2017 : ce qui rend la transformation numérique difficile
 
Frédéric Gaillard, Eric Lespinasse, David Ducourneau, Vianney du Grandlaunay
(Crédits : Agence Appa)

La transformation numérique des entreprises est un processus complexe qui implique aussi bien les salariés que les clients ou les fournisseurs. Quatre représentants de Lectra et de Sports Aventure en ont fait la démonstration lors de Biznext Bordeaux.

La 3e édition de Biznext Bordeaux, qui s'est tenue ce lundi soir à la Grande Poste devant une salle comble, a aussi permis d'éclairer de plus près le mouvement de la transformation numérique qui n'épargne plus aucune entreprise. Une soirée animée par Mikaël Lozano, rédacteur en chef de La Tribune (bureau de Bordeaux), en présence de Cendrine Martinez, directrice générale déléguée.

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Un descendant d'Igloo Sport

Derrière ces descriptions de process se cache un virage qui a tout d'une inflexion stratégique interne, pour ne pas dire philosophique de Lectra.

"Nous ne pouvons plus passer trois ans à développer un nouveau produit qui va être obsolète à sa sortie, tout ça parce que les méthodes à l'ancienne ne fonctionnent plus. Parce que tout va désormais beaucoup plus vite. Sur le plan méthodologique nous devons aller vers de l'agile. Il ne s'agit plus de viser l'excellence mais d'être au rendez-vous du marché, sans sacrifier la qualité. Ce n'est pas évident d'intégrer ça", décrypte Eric Lespinasse.

Sports Aventure est aussi une histoire de famille bien ancrée dans le paysage bordelais.

"Mon grand -père a créé le magasin dans les années 1970, à l'enseigne Igloo Sport. L'entreprise a ensuite changé de mains avant de revenir dans la famille, dans un magasin centré sur le ski et les sports de montagne, qui développe 1.500 m2 en plein Bordeaux" rembobine David Ducourneau.

2,5 M€ de stock géré sur des bouts de papier

Son tournant numérique, cette entreprise bordelaise l'attaque en 2005-2006 avec la création d'un site internet e-commerce. Mais l'initiative est un peu trop isolée pour amorcer un vrai virage.

"La création de ce site, adossé à un dépôt de 2.500 m2, a pour ainsi dire entrainé la création d'une deuxième entreprise dans l'entreprise. Quand je suis arrivé, en 2014, il y avait pour 2,5 M€ de stock de marchandises pas vraiment géré, avec des notes écrites sur des petits bouts de papier, et pas d'adresses mail pour les collaborateurs", s'étonne encore David Ducourneau.

La transformation numérique de Sports Aventure est donc partie d'assez loin. Et le jeune dirigeant n'a pas hésité à se doter d'une équipe capable de l'aider à gérer ce virage digital, ce qui passait par l'acceptation du processus par les salariés en place. Loin d'être une formalité :

"Les équipes n'ont pas adhéré à ce changement parce qu'elles ne comprenaient pas sa nécessité, il y a eu un vrai blocage. Il a fallu entrer dans l'équipe pour de vrai, afin de comprendre ce qui n'allait pas. C'est comme cela que nous avons réussi à aller à nous mettre en phase avec les salariés, à aller à la même vitesse qu'eux" déroule Vianney du Grandlaunay.

Les catalogues des fournisseurs sur le site

Reste que, comme le rappelle David Ducourneau, la transformation numérique de Sports Aventure s'est aussi heurtée à des problèmes techniques.

"Les achats n'étaient pas coordonnés entre rayons. Chaque responsable de rayon gérait ses achats sans s'occuper du voisin. Et ce gros problème était à multiplier par deux parce que c'était la même chose avec le magasin en ligne...", resitue le PDG.

Pour reprendre en main la gestion des stocks, un grand inventaire est alors organisé pendant tout un mois, pour que chacun des produits soit inventorié, référencé, photographié. Et puis David Ducourneau et Vianney du Grandlaunay s'en sont allés évangéliser leurs fournisseurs, pour les convaincre de mettre leurs propres catalogues en ligne sur le site de Sports Aventure !

" Il y a des fournisseurs qui freinent. C'est très long de mettre un catalogue sur Internet et certains fournisseurs pensaient que ces catalogues étaient à eux, ils ne voulaient pas les amener, s'étonne le directeur général délégué . Nous avons 40.000 références en stock propre et 10 à 20.000 autres que l'on peut sortir rapidement".

Cette adhésion à la transformation numérique par les personnels, les clients ou les fournisseurs est d'autant plus importante que ce virage digital implique tous les acteurs de l'entreprise.